O Movimento - Linguagem

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Cependant, si nous vivons dans, par et à travers le mouvement, c’est le plus souvent sans en être vraiment conscients. Au jour le jour, que représente vraiment le mouvement dans notre vie ?
Dans le meilleur des cas, c’est une source de plaisir : pour les sportifs, des sensations fortes venues de leur muscles ou de leur sang ; pour les artistes, l’acte créateur passant para leur corps en mouvement. Mais même là, le plaisir vient davantage des effets du mouvement que du mouvement lui-même. Quand le mouvement permet de prendre son enfant dans ses bras, de prouver à quelqu’un qu’on l’aime, on est plus attentif au contenu affectif du geste qu’au geste lui-même. Et dans le pire des cas, le mouvement n’est plus qu’un ensemble de gestes volontaires ou automatiques usuels, utilitaires, qui nous servent à marcher, manger, aller travailler, faire des courses… Dans la vie quotidienne, le mouvement n’est plus que le parcours monotone des mêmes allées et venues, sans surprise.
Il faut se rendre à l’évidence : l’attention portée sur la gestuelle n’est pas à la hauteur de son importance fondamentale dans la vie humaine. Le mouvement est utilisé, mais non valorisé ; connu, mais non reconnu ; on en abuse sans jamais l’habiliter. Débordements de sollicitations, pression de la performance, canons de la réussite…, les bonnes raisons ne manquent pas pour expliquer – justifier ? – que l’homme soit coupé d’une partie essentielle de lui même. Mais si l’insensibilité qui en résulte est moins visible qu’un retard moteur ou mental, elle ressemble fort à un véritable handicap, et joue un rôle primordial dans nombre de difficultés physiques et psychologiques.

La recherche de Danis Bois peut se définir comme une action thérapeutique visant á combler l’inconscience majeure qui touche le mouvement : « Quand je parle du corps, je regarde sa gestuelle et la conscience qui l’habite. Malheureusement, le corps est devenu dense et privé d’une certaine forme de conscience. Le mouvement s’est mécanisé, automatisé, et a perdu sa richesse naturelle. Lorsque j’observe le langage gestuel de l’homme non entraîné, il m’apparaît aussi pauvre qu’une langue qui utiliserait en tout et pour tout 500 mots. A force de faire des mouvements sans y prêter la moindre attention, la sensation concrète d’habiter un corps se perd progressivement, et parfois même la conscience de soi, de sa propre identité, finit par vaciller. Le langage verbal s’apprend, le langage du corps s’apprend de la même façon. Le mouvement est une écriture indélébile, un témoignage vivant de ce qu’est la nature humaine dans sa plus grande dimension.»
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In Le mouvement dans tous ses états- Les recherches de Danis Bois – Eve Berger